Discours au congrès du Parti Vert Européen : “Une certaine idée de l’Europe ”

 

Cher-e-s ami-e-s,

C’est avec beaucoup d’émotion et de plaisir que je m’adresse à vous ce soir, au moment du congrès européen de notre famille politique.

 

Beaucoup d’émotion et de plaisir, parce que j’aimerais vous parler d’Europe, ce projet un peu fou d’unir politiquement des pays différents et rivaux sur tout un continent ; un projet qui nous tient tous tant à cœur, et à moi tout particulièrement, qui suis à la fois d’ici et d’ailleurs, et me sens européenne de cœur et d’esprit.

 

Il y a une saveur particulière pour moi à évoquer la politique européenne. D’abord parce c’est par l’Europe que j’ai fait mes premiers pas en politique. Ce chemin qui me mène à vous ce soir a commencé il y a trois ans maintenant, avec la constitution des listes du Rassemblement Europe-Écologie pour les élections européennes. Je  n’étais qu’une jeune débutante en politique mais il n’y avait pas de meilleure école que de chausser les lunettes (vertes bien sûr) de la politique européenne pour comprendre et affronter les défis auxquels nous devons faire face.

 

Je siège depuis plus de 2 ans maintenant à la présidence de la Commission du Développement au Parlement européen. Je m’y suis fait une certaine idée de l’Europe.

 

J’aime l’Europe lorsqu’elle protège les pêcheurs de Guinée contre les intérêts de multinationales qui encouragent au pillage de la ressource.

 

J’aime l’Europe lorsqu’elle se lève aux côtés des démocraties arabes naissantes comme en Tunisie.

 

J’aime l’Europe lorsqu’elle défend sans relâche les droits de l’homme que ce soit sur son territoire, auprès du gouvernement israélien dans les territoires occupés ou bien même en France.

 

Cette saveur particulière, c’est aussi la chaleur des amitiés nouées dans le combat politique européen. Je pense en particulier à celui qui pour nous tous ici, Français-es et Européen-ne-s, incarne une certaine idée de l’Europe, le rêve et l’idéal européen – il n’est pas là ce soir, en tout cas pas en chair et en os, mais d’une certaine façon, quand nous parlons d’Europe, son esprit de grand Européen plane quelque part au dessus de nous.

 

Dany, s’il y a aujourd’hui un homme politique qui incarne le sens et l’idéal européens, toutes familles politiques et tous pays confondus, c’est bien toi !

 

 

Et je suis fière d’avoir l’occasion de porter au cœur de la campagne présidentielle française les idées de la grande famille verte européenne et notre rêve commun d’une Europe fédérale, écologique et sociale.

Parce que ce qui donne aussi cette saveur particulière à la politique européenne, c’est qu’elle est devenue le grand horizon politique essentiel, l’échelon pertinent pour l’action – malgré ses tendances technocratiques et ses lourdeurs institutionnelles.

L’Europe est une construction qui nous dépasse, un projet encore jeune si on le compare à la construction de nos Etats nations modernes, mais tellement plus ancien si l’on considère le temps long et les origines de l’unité européenne.

 

 

Parce que cette origine, c’est toujours la même : la guerre.

La guerre et son cortège d’horreurs, de destructions, de viols, de pillages et de meurtres. La guerre qui excite, la guerre qui mobilise.

«Quelle connerie la guerre». La guerre et sa poésie médiocre, son caractère exaltant et machiste pour tous ceux qui aiment à célébrer virilement “les orages d’acier” de Jünger, en faisant mine de trouver de la grâce aux alignements pathétique des « croix de bois » à la Dorgelès.

 

En ce lendemain de célébration du 11 novembre, parler d’Europe, c’est plus que jamais parler de la paix.

Parler d’Europe au lendemain du 11 novembre, c’est célébrer comme nous le faisons chaque année, les mutins de 1917, tous ceux qui ont osé se lever contre l’absurdité de cette guerre criminelle menée entre 1914 et 1918, qui a coûté la vie à presque dix millions d’hommes et blessé ou mutilé plus de vingt millions.

C’est célébrer ceux qui ont refusé de mourir pour rien, dans la boue, l’horreur et l’indignité, sous les ordres imbéciles d’un commandement incompétent.

 

C’est pourquoi je voudrais d’ores et déjà faire une proposition ici – elle est symbolique et ne changera pas la marche du monde ; mais elle permettra d’honorer ceux qui sont morts, au front, à l’arrière ou face aux pelotons d’exécution, de chaque côté des tranchées, à cause de cette absurde monstruosité qu’est la première guerre mondiale ; une proposition qui valorise ce que leur sacrifice a contribué à faire naître : le dégoût de la guerre.

 

Je propose donc qu’on en finisse avec les commémorations militaires nationales du 11 novembre, qui de plus sont limitées aux vainqueurs de ce conflit, pour les remplacer par une “Journée européenne de la paix”, célébrée partout, et bien sûr fériée dans les pays qui le souhaitent.

 

 

Cher-e-s ami-e-s,

Quoi qu’on vous en dise ailleurs, parler d’Europe, c’est encore et encore parler de paix.

La réconciliation des peuples européens, et tout particulièrement de l’Allemagne avec ses voisins, aura été le moteur principal du processus d’intégration européenne depuis 1945, offrant aux habitants de ce continent une chance historique d’envisager la paix dans laquelle ils vivent comme un acquis durable et non un compromis fragile soumis aux vents contraires de la scène internationale.

Rendons-nous compte : pour la première fois depuis des siècles, la majorité des Européens n’ont jamais fait l’expérience directe de la guerre. En France, Lazare Ponticelli, le dernier ‘Poilu”, ultime survivant de la première guerre totale venue tremper le sol européen du sang de millions d’hommes, s’est éteint en mars 2010, centenaire et pacifiste.

 

La leçon de la construction européenne c’est que la force du droit a remplacé le droit de la force.

 

Dans les jeunes générations qui ne savent plus ce qu’est la guerre, heureusement, Qui mettra encore au crédit de l’Europe ce qui semble normal, que les Allemands et les Français ou les Allemands et les Polonais ne songent plus à se faire la guerre ? Après tout, c’est la paix qui est l’état normal. Et l’Union européenne est en ce sens un projet marqué par une grande maturité historique.

 

Il y aura fallu pour cela commencer par bâtir des solidarités concrètes et lier les destinées de nations jadis ennemies dans le réalisme des intérêts économiques partagés et la mise en commun des appareils industriels stratégiques. De la CECA au traité de Rome, des premiers élargissements à la signature de l’Acte unique, de Maastricht à Lisbonne, nous avons progressivement construit un espace de paix et de prospérité partagées et de libre circulation par delà les frontières, aux dimensions d’un continent enfin réunifié.

L’Europe a apporté la paix entre les peuples qui participent à sa construction.

 

Sans bâtir d’Etat, l’Europe s’est néanmoins constituée en communauté politique, dotée de règles communes et d’institutions politiques communes. Ainsi les peuples d’Europe collaborent sur le plan économique et résolvent leurs conflits avec leurs « ennemis héréditaires » par des négociations et d’interminables discussions dans les administrations de Bruxelles ou dans les couloirs du Parlement européen. Ils ont renoncé à massacrer leurs voisins et, s’ils tentent encore d’imposer leur volonté, c’est par le compromis et la négociation.

 

En tous cas, c’est une certaine idée de l’Europe. Car la réalité n’est hélas pas si rose… Les conflits et les rivalités n’ont pas disparus. Et je trouve qu’un vent mauvais souffle sur l’Europe. C’est le vent des crises. Alors que les défis gigantesques d’une crise multiple exigeraient des réponses communes, au moins conçues à l’échelle européenne, trop d’hommes et de femmes politiques cèdent à la tentation de croire en un salut seulement national. En ces temps d’interdépendance et de mondialisation, s’accrocher ainsi aux ombres de la souveraineté nationale n’est pas seulement renier l’esprit communautaire ; c’est surtout se condamner à l’impuissance politique.

Depuis une décennie et la mauvaise surprise d’un certain jour d’avril 2002, les signes d’un glissement vers la droite radicale en Europe se font chaque année de plus en plus alarmants : Hongrie, Pays-Bas, Danemark, Suède, Finlande – on ne compte plus les pays dont le paysage politique est bousculé par l’émergence plus ou moins brutale ou spectaculaire de partis politiques très nationalistes et ouvertement xénophobes, voire racistes pour certains. En Suisse, Autriche, Italie, et dans ce pays même, leur installation durable dans la vie politique nationale et leur influence sur le débat public ont fini par se faire sentir à tous les niveaux de la société et parfois jusqu’au cœur des institutions et des partis politiques démocratiques, comme le démontrent régulièrement Nicolas Sarkozy et ses ministres de l’intérieur.

 

Ces mouvements sont le signe que rien n’est acquis, que le spectre de la guerre n’a pas fini de hanter l’Europe.

Vous le savez, il faut toujours se méfier des évidences. Et en particulier celle de la paix. La paix n’est pas plus une évidence que la santé. Et les crises que nous traversons peuvent tout à fait tout remettre en cause, un jour.

Il est temps que nous prenions conscience de la force que représente une Union de 27 pays, un demi-milliard d’Européens, la première économie et le premier marché mondial, malgré les crises. Il est temps que nous soyons à la hauteur des enjeux.

Qu’on me pardonne ce raccourci mais je veux simplifier pour que ce soit clair : de quoi cette crise financière qui secoue le navire européen depuis trois ans est-elle le signe ? Elle est le signe qu’aucun des pays qui compose l’UE et surtout la zone euro n’a encore bien pris conscience que l’union monétaire signifiait l’union économique et politique. Et les réponses à la crise financière aujourd’hui passent d’abord par remettre la finance à sa place, comme nous l’avons fait avec Pascal Canfin en faisant voter l’interdiction des CDS au Parlement Européen, mais aussi, mais surtout par une mutualisation de nos dettes et une réelle politique économique européenne.

C’est pourquoi je veux porter dans le débat présidentiel français ces quatre premières propositions:

  1. La mutualisation des dettes par un marché obligataire européen des Eurobonds, et la création d’un trésor européen pour gérer ces Eurobonds et superviser la convergence fiscale des Etats membres ;
  2. Un plan européen crédible pour mettre fin au secret bancaire, aux paradis fiscaux et à l’évasion fiscale, au moins à l’intérieur du Marché commun. Il faudrait en outre geler les actifs placés dans les paradis fiscaux par les ressortissants de tous les Etats membres dont le budget est menacé par les fraudes massives, comme la Grèce ;
  3. Une révision juste du plan d’austérité imposé à la Grèce, avec des objectifs et un échéancier plus réalistes, et une meilleure répartition des efforts, en particulier de la part du plus grand propriétaire terrien de ce pays : l’Eglise orthodoxe, pourtant exemptée d’impôts ;
  4. Et surtout, un grand emprunt européen, tel que nous l’avions proposé lors des élections européennes, pour mettre fin au cycle des crises récurrentes depuis une décennie en mettant l’Europe sur la voie de la transition écologique : éducation, formation, réseaux de transports, technologies vertes, infrastructures énergétiques, recherche à grande échelle et projets scientifiques.

 

Bien entendu, je suis consciente que ces propositions demandent pour certaines qu’on rouvre le chapitre des traités… Car depuis que la Cour Suprême allemande a donné sa lecture très rigide des textes européens, la mise en place d’un gouvernement économique ne se fera probablement pas à traité constant. C’est une occasion importante… Car c’est le 2ème chantier que je veux ouvrir : la question de la légitimité et de la démocratie européenne.

 

C’était déjà clair auparavant, mais ce que la crise a particulièrement mis en lumière, c’est qu’il ne peut y avoir de projet européen partagé sans une véritable démocratie européenne. Je veux redonner tout son pouvoir et sa place centrale au Parlement Européen pour qu’il ne soit pas seulement l’accompagnateur des décisions européennes mais pour qu’il en soit l’acteur et le moteur.

 

La construction d’une union politique européenne représente une occasion historique sans précédent pour faire sortir la démocratie de son cadre historique national et bâtir une réelle démocratie transnationale. La question de la gouvernance économique est indissociable de celle du contrôle démocratique.

 

 

Certes, quand on parle des traités, les traumatismes de la campagne référendaire de 2005 se réveillent. Valmy pour les uns, Waterloo pour les autres, l’affrontement du TCE a laissé de profondes traces. Car très loin de la substance du texte, ce sont deux imaginaires antagonistes, deux perceptions des finalités et du sens de la construction européenne qui se sont cristallisés le soir du 29 mai 2005. Depuis, une partie de notre classe politique en a fait un élément fondamental de son identité et s’obstine à vouloir rejouer le match, comme de vieux supporters nostalgiques d’une gloire passée ; tandis que les autres s’empressent d’en dissimuler les séquelles derrière la grande comédie de l’unité, alors que subsistent des blessures internes.

 

Mais qu’on ait voté “oui” ou “non” au TCE, on ne peut que constater le déficit de légitimité politique de la construction européenne aujourd’hui.

 

Seule une réelle légitimation politique du projet européen par les citoyens pourra résoudre la crise persistante de confiance envers les institutions européennes.

 

C’est pourquoi je propose de relancer un véritable processus constituant, pour doter l’Europe d’une Constitution digne de ce nom – c’est à dire d’un texte court et compréhensible par tous, commun à tous les Européens, rappelant les valeurs et les projets qui les unissent, décrivant les institutions et les droits qui les régissent et donnant une substance à la citoyenneté européenne qui reste pour l’instant une fiction.

 

Ce texte tirera sa légitimité de sa ratification par un référendum européen à la double majorité des Etats et des citoyens. Les peuples qui auraient choisi de le refuser pourraient alors enfin poser en toute clarté la question de leur participation ou non à l’UE – et quitter une communauté qu’ils rejettent.

 

 

La question de la légitimité démocratique de la construction européenne ne se réglera pas uniquement par des changements institutionnels, même les plus nécessaires et les plus justes.

 

Je crois qu’il faut par excellence rendre aux Européens les moyens de décider de leur avenir. Et cela passe par une vraie politique économique européenne.

 

La première des politiques économiques, c’est de la rendre aux citoyens. C’est pour cela que je propose que dès l’année prochaine, les objectifs du Pacte de Stabilité soient remplacés par un Pacte de Solidarité Ecologique et Sociale, qui ne se contente pas d’avoir l’oeil rivé sur l’inflation mais qui attende aussi une véritable politique de l’emploi et de la baisse des inégalités. La justice sociale ne doit pas être la variable d’ajustement de l’Europe, elle doit en être la condition et l’objectif.

 

Mais ne nous trompons pas : nous ne construirons jamais la justice sociale et la transition écologique en restant repliés sur l’Aventin de nos frontières. Ceux qui nous font croire que l’ennemi est ailleurs, voulant dresser des murs plutôt que des ponts se trompent de combat. Une politique économique juste, c’est celle là qui a l’ambition de faire la solidarité à l’échelle européenne et qui vise clairement à changer de modèle. C’est pourquoi je propose d’instaurer une préférence sociale et environnementale. Pour nous, ça n’est ni la nationalité, ni la taille du marché qui fait la différence mais bien la qualité. Celui qui produit à proximité, en respectant nos critères écologiques et sociaux devra être soutenu et protégé.

 

Pour sortir de la crise, l’Europe a besoin d’un outil industriel performant et conquérant, tourné vers l’avenir. Cela signifie des investissements. Dans les outils et les méthodes de production, dans la qualité et l’adaptation aux nouveaux besoins de nos économies, et dans la formation au long cours des ingénieurs et des ouvriers

 

Or alors même que les usines concernées étaient parmi les plus rentables du groupe mondial Arcelor Mittal, ces investissements n’ont jamais été réalisés ; est-ce un problème d’argent ? Grâce à une niche fiscale belge, les « intérêts notionnels », M. Mittal ne paye pourtant pas d’impôts sur ses usines en Belgique : en 2009, après impôts, Arcelor Mittal a réalisé un bénéfice net de 1,3 milliard. Impôt payé : 496€.

 

En 2010,  bénéfices net : 1,39 – impôts 0 €. Il a donc largement les moyens de mettre en œuvre une véritable stratégie industrielle locale.

 

Liège ici, Gandrange là – j’y suis allée à Gandrange l’année dernière. J’y ai vu la détresse des syndicalistes, trahi-e-s par les promesses creuses et les mensonges de Sarkozy, laissé-e-s pour compte dans les calculs de rentabilité financière qui tiennent lieu de stratégie industrielle à Mittal comme à tant d’autres.

 

J’ai vu qu’avec les investissements adaptés, en éco-production, en formation, en innovation technologique, il y a un avenir pour ces sites et pour ceux qui les font vivre. La désindustrialisation de l’Europe n’est pas une fatalité imposée par la mondialisation.

 

C’est pourquoi, plutôt que de se replier derrière des barrières protectionnistes inutiles, je propose la création d’un pôle industriel européen. Car la puissance publique doit se substituer à la défaillance privée. Et cela doit se faire au niveau européen. Ce pôle pourrait être l’un des premiers projets financés par un financement commun européen.

 

Et puis ce sera l’occasion d’introduire enfin cette fameuse assiette fiscale européenne consolidée dont la Commission parle depuis 2001 au moins, et dont on commence seulement à envisager l’introduction avec ô combien de précaution tellement nous avons peur d’effrayer tous ces grands industriels qui prétendent défendre les emplois en Europe. Mais eux ne s’embarrassent pas de ces détails : ils font jouer la concurrence fiscale entre les Etats membres, menacent à tout bout de champ de délocaliser leur production au détriment même de la mise en en œuvre de réelles stratégiques industrielles, privilégiant le court terme et la rentabilité financière à toute vision économique durable.

 

Il est temps que nous cessions de trembler devant la capacité de nuisance de quelques grands patrons pour prendre nos responsabilités et offrir à tous, ouvriers, ingénieurs, patrons, politiques, tous ceux qui croient encore dans l’avenir industriel européen une chance de construire cet avenir. Cette chance elle commence avec les usines d’Arcelor-Mittal.

 

L’Europe doit devenir notre réponse à la mondialisation. Mais pour cela nous avons besoin d’une Europe, surtout de la Commission européenne, qui se pense en « puissance publique », pas en Gentil Organisateur des clubs de vacances de chefs d’Etat et de gouvernements. Nous avons besoin d’une Europe qui fasse son travail d’initiative et de responsabilité.

 

 

C’est par les investissements qu’on sortira de la crise, pas par les plans d’austérité cumulés. Et tout particulièrement des investissements dans la lutte contre le dérèglement climatique, évidemment. Tout cela est lié au pôle industriel européen. Pour remplir nos objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, nous avons deux options : laisser la désindustrialisation progressive de l’Europe déplacer les émissions vers d’autres territoires moins contraignants. Ou investir massivement dans la transformation écologique de notre appareil productif.

 

C’est pourquoi je propose en premier lieu que les objectifs européens de réduction d’émissions de CO2 soient maintenus avec force et détermination.

 

L’Europe a longtemps fait preuve d’initiative et même parfois d’audace en matière d’environnement. Cette préoccupation n’était pas prévue par les premiers traités, mais parce qu’il s’agit par excellence de défis transfrontaliers qui concernaient directement l’intérêt général communautaire, l’UE s’est assez rapidement dotée d’une politique environnementale, mettant bientôt la défense de l’environnement  et le développement durable explicitement dans les objectifs des traités.

 

Il est primordial de pouvoir renouer le fil de cette partie de l’histoire de l’Europe si ambitieuse pour l’environnement.

 

 

C’est pourquoi je propose que nous commencions à batir l’Europe des biens communs. Une Europe qui protège ses ressources naturelles ici contre leur épuisement et leur prédation, mais aussi partout dans le monde. C’est cette Europe qui devra entamer d’une seule voix les discussions au Sommet de Rio +20, avec l’ambition de faire passer la planète à l’heure de la transition écologique.

 

C’est ainsi que nous pourrons prétendre influencer nos partenaires : par la combinaison d’objectifs ambitieux et une stratégie industrielle et  économique ambitieuse.

 

 

Cher-e-s ami-e-s,

Le monde a besoin d’une Europe sûre de ses choix, avec les moyens de ses ambitions. Pas d’un club de vieilles nations frileuses qui se rapprochent pour avoir l’illusion d’être encore grandes.

Le monde a besoin d’une Europe forte et solidaire, qui parle d’une seule voix à Washington, à Delhi ou à Pékin et joue son rôle sur la scène internationale. Pas d’une bande d’acteurs égocentrés uniquement préoccupés par leur image et en compétition les uns les autres.

Le monde a besoin d’une Europe en paix, porteuse et faiseuse de paix. Pas d’un continent déchiré par les conflits nationaux, capables d’entraîner toute la planète par deux fois dans les ravages de la guerre.

 

Pour conclure, j’aimerais revenir sur le fondement du projet de construction européenne : la paix. La promesse de paix continue chaque jour de se construire, à commencer dans les Balkans.

 

Tirant de son expérience historique et des valeurs de sa civilisation, l’Europe prétend défendre l’idée de la paix dans le monde. Mais il reste encore du chemin pour que les valeurs qu’elle affiche haut et fort dans les fameux critères de Copenhague soient défendues de la même façon et avec la même vigueur partout. Trop souvent des logiques mercantiles et prédatrices prennent le pas sur les logiques de développement et de défense des droits de l’homme.

 

 

Amis de toute l’Europe, c’est à l’heure où nous traversons sa crise la plus grave que nous avons le plus besoin de l’Europe. L’heure n’est plus aux discours théoriques et aux postures, aujourd’hui c’est chaque citoyen et chaque citoyenne d’Europe qui a besoin d’une Europe fédérale et solide.

 

Je pense à ce jeune homme grec qui chaque jour se lève en se demandant si nous avons enterré son avenir.

 

Je pense à cette femme polonaise qui attend que l’Europe renoue avec la prospérité mais amène aussi la solidarité.

 

Je pense à cet homme russe qui n’a plus vu depuis trop longtemps la démocratie et attend de ses voisins européens, le courage de s’indigner.

 

A tous ceux là, j’ai envie de dire aujourd’hui nous sommes là, mais nous ne sommes pas là juste pour vous, nous sommes là parce que devons réussir ensemble. L’Europe nous allons la faire avec vous, pour vous, avec nous, avec moi.

 

(seul le prononcé fait foi)