« Les renouvelables c’est intermittent »

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La richesse des énergies renouvelables, c’est leur diversité. Quand le vent diminue en été, le solaire prend le relais. Quand une éolienne s’arrête, on peut augmenter la production hydraulique. Quand le soleil baisse, on peut faire de l’électricité avec des déchets agricoles, du biogaz, de la géothermie, des courants marins… Les renouvelables ont l’avantage de produire aussi de la chaleur, contrairement aux nucléaire qui ne produit que de l’électricité.

Cet argument de l’intermittence est de mauvaise foi : de nombreuses études techniques ont montré la possibilité de combiner les renouvelables entre elles. De nombreux scénarios officiels (Allemagne, Ecosse, Irlande…) ont pour objectif d’atteindre 80 ou 100% d’électricité renouvelable. Sont-ils tous stupides au point de n’avoir pas pensé à la question de l’intermittence ?

Des expérimentations, telle que « Kombikraftwerk » en Allemagne, ont démontré la possibilité de combiner les énergies renouvelables afin de satisfaire en permanence la courbe de demande.

Le graphique ci-dessus montre la satisfaction de la demande sur deux semaines (mois de mars) par l’utilisation de quatre énergies renouvelables : solaire, vend, biogaz et hydroélectricité (+ import/export). Cette simulation en temps réel a été réalisée sur une année et a permis de montrer qu’il est possible de satisfaire l’ensemble de la demande allemande à partir des énergies renouvelables. Source : http://www.kombikraftwerk.de 

C’est d’ailleurs déjà le cas dans certains pays, telle que l’Espagne, qui ajustent la production en fonction de l’intermittence de certaines sources afin de maximiser la pénétration des énergies renouvelables.

(« combined cycle » : gaz à cycle combiné ; « other special regimes » : biomasse, solaire, déchets)

Le graphique ci-dessus montre satisfaction du besoin électrique par les énergies renouvelables, un jour favorable (vert et bleu = énergies renouvelables) et l’ajustement qui est fait entre les différentes sources : les renouvelables assurent déjà, certains jours, environ 80 à 90% du besoin électrique.

En France, en revanche, cet ajustement est très compliqué par le fait que le nucléaire constitue un moyen de production non modulable : il produit massivement tout le temps. On ne peut donc pas choisir d’accroître ou de réduire cette production en fonction des autres énergies : le nucléaire bloque tout. Le discours visant à décrédibiliser l’ensemble des énergies renouvelables au motif que quelques unes (solaire, éolien) sont intermittentes existe en fait sous la pression des pro-nucléaires qui cherchent à décrédibiliser une pénétration massive des énergies renouvelables.